Les modernes solitudes
Les soirs de modernes solitudes,
Chacun en face de son écran,
Télé, console ou ordinateur,
Réinvente une vie de fictions :
Des images en trois dimensions,
Ecouteurs rivés sur les oreilles,
Plongeant dans un univers sonore
De rythmiques pseudo-orchestrées,
Coupé du monde, abruti de bruits.
Les modernes solitaires vivent
Entourés d’autres gens solitaires :
Chacun, dans sa bulle virtuelle,
Oubliant son entourage proche,
Le cœur pianotant sur un clavier
Des courriels et des émoticones
Envoie sur téléphone portable
Des mini-messages incroyables,
Code abrégé incompréhensible.
Ainsi les gens ne se parlent plus,
Ne voient plus le quotidien réel,
Se réfugiant dans la dérision
D’un autre vécu artificiel :
Des pseudonymes tarabiscotés
Pour s’inventer des identités,
Illusions d’amour ou d’amitiés,
Tribus à géométrie variable
Vivant le temps d’une connexion.
Mais quelle vie dangereuse !
Chacun se retrouve seul
Dans l’enfer du CyberNet,
Surtout seul dans les soucis.
Les masques et les miroirs
Des fantasmes ou des fictions
Vous font parfois perdre pied.
L’inconnu peut vous piéger
Ou vous déstabiliser.
Alors, même si la solitude
A beaucoup d’attraits
incontestables,
Il ne faut pas couper tous les
ponts :
Gardez le contact avec vos
proches.
Si la fiction et l’imaginaire
Ne sont que miroirs aux alouettes
Qui souvent ne dureront qu’un
temps,
La vie, faite de chair et de sang,
Le corps, l’âme et les doux
sentiments
Demeurent les seuls biens
véritables.
31 mai 2006