Aujourd'hui les parents font grève contre les nouveaux rythmes scolaires. Quel bon exemple ils donnent à leurs enfants, que celui de la désobéissance et de la grogne dès que quelque chose ne leur convient pas ! Qu'ensuite, les parents ne s'étonnent plus si leurs enfants râlent et désobéissent à leur tour...
Depuis la rentrée de septembre 2013, dans les villes de France où sont appliqués les nouveaux horaires, les chers petits bouts de choux seraient fatigués !
Or, de nos jours, dans la plupart des cas, ce n'est pas l'école qui fatigue les élèves, ni ses horaires quels qu'ils puissent être : c'est l'emploi du temps hors école et surtout l'usage intensif des consoles de jeux et autres écrans !!! Pour une bonne santé physique et psychique, un adulte devrait avoir huit heures de sommeil chaque nuit, pour un enfant ses besoins physiologiques sont même de dix heures par nuit... Voilà donc ce qu'il faut changer dans les habitudes des familles et des enfants.
N'oublions pas : de nos jours dans le monde, il y a énormément d'enfants qui ne bénéficient même pas du droit à l'école, du droit au savoir. Et en France, on ose se plaindre, on ose faire grève pour une question de commodité et de convenance des parents !
Quelle honte...
Et pour parler aussi de la scolarité d'un autre temps : au début du XXème siècle lorsque nos parents et grands-parents (et même arrière-grands-parents pour certains des lecteurs de mon blog) allaient en classe, ce n'était pas l'époque des horaires "à la carte", ni les grèves à cause des rythmes scolaires ! La scolarité s'arrêtait en général après le Certificat d'études (soit à peu près à l'âge de douze ans), et les enfants allaient travailler (et il n'était pas non plus question de semaine des 35 heures, de RTT, et autres avantages dont bénéficient aujourd'hui les travailleurs !).Si seulement nos enfants et petits-enfants réfléchissaient aux conditions de vie des gens au début du siècle passé !
Un exemple précis pour illustrer mon propos (mais dans quasiment chaque famille de France c'était comme ça il y a environ quatre-vingt ans) :
Mon père, né en 1924, était très bon élève dans la petite école de son enfance entre Drôme et Ardèche (bien qu'il ait aussi souvent eu la responsabilité de garder les chèvres dans son village). Son instituteur l'aurait bien vu devenir enseignant à son tour. Malheureusement, mon père était l'avant-dernier enfant d'une famille très nombreuse... Après le certificat d'études (donc, je crois, à l'âge de douze ans) il fallait donc qu'il aille travailler comme ses frères aînés en tant que journalier chez des agriculteurs, puis très jeune à l'usine.
Ensuite vint le service militaire, puis la période de la guerre où il prit le maquis dans le Vercors et devint un résistant avant de faire partie de l'Armée de Libération qui vint délivrer l'Alsace. Puis il fut militaire de carrière (simple brigadier-chef, pour avoir changé d'arme : la Marine au début de la guerre, et l'Armée de Terre après-guerre).
Après seize années d'armée, devenu retraité de l'armée, il fit le Concours des Postes et devint facteur.
Si la vie ne lui a pas permis de devenir instituteur, il aimait cependant toujours beaucoup lire, et écrivait avec très très peu de fautes de français bien qu'ayant seulement obtenu le Certificat d'Etudes. Il était très calé en Histoire et en Géographie et cherchait souvent à m'apprendre tout ce qu'il savait. toute sa vie, il a aimé lire et s'instruire, encore et toujours. Il achetait beaucoup de livres et d'encyclopédies, car il voulait que ses descendants travaillent bien en classe pour arriver à avoir une situation meilleurs que celle qui fut la sienne.
Lorsque adolescente j'ai eu mon premier magnétophone à cassettes et que je lui ai proposé de l'enregistrer, il a tenu à enregistrer pour la postérité un texte qui lui restait en souvenir de sa scolarité : la fable du Laboureur et ses enfants, de Jean de La Fontaine, que je reproduis ci-dessous en mettant en gras ce que mon père a certainement voulu nous laisser comme "héritage spirituel" :
Le Laboureur et ses Enfants
Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.
Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je n'en sais point l'endroit, mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août.
Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
De ci, de là, partout ; si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.