Insomnies
I
Apprenant qu'en moi se
Formait un autre enfant
Foin des difficultés
Déjà en t'acceptant
Mon corps je préparais
Pour te servir de pont
Jusqu'à la naissance
Que tu sois fille ou garçon
Quand vint l'heure où j'appris
Que j'allais te perdre
J'aurais donné ma vie
Que tu puisses vivre
L'enfant que j'attendais
Au Maître est retourné…
Dieu ainsi décidait
De ne point le donner
Amers jours noirs, jours gris
Seule… ce vide en moi
Tu n'es plus, mon espoir,
Qu'un souvenir sans joie
Pourrai-je encor' servir
Aurai-je un autre enfant ?
Ciel comble mon désir
Fais-moi encor' maman
On me dit si souvent
Que j'ai bien trop d'enfants
Mais je les aime tant
Pour eux mon cœur est grand
Et lorsque je songe
A tous ces innocents
Qui restent des anges,
Tués par leur maman
J'aime, je respecte
La vie, ta vie, leurs vies…
Et je me révolte
Devant cette folie
Les femmes refusant
Les fruits de leurs amours
Ainsi à leur enfant
Refusent leur amour
Malgré la pauvreté
Et la folie des gens,
Et leur méchanceté
Moi je veux des enfants.
28 septembre 1983
II
Dieu veille sur chacun
Qu'il apporte ici-bas
Car il fait leur chemin
Il guide tous nos pas.
29 septembre 1983
III
Longue nuit
Le sommeil ne vient pas
Je me tourne
Me retourne dans mon lit
Et se tournent
Se retournent dans ma tête
Des pensées
Des projets, des espoirs
Une attente,
Une question :
Cette joie nous est-elle promise,
Ou n'est-ce qu'un rêve ?
Quelques semaines de plus
Pour savoir
Si dans quelques mois
Mon souhait se réalisera
A moins que ce ne soit
Pour beaucoup, beaucoup plus tard…
Je n'aurais pas dû
Boire ce café cet après-midi :
Si mon espoir est vrai
Ce n'est pas bon pour "lui"
Et le café,
Ça m'empêche de dormir !
Les heures s'écoulent,
La nuit est si longue
Et si solitaire
Pour ceux qui veillent
Longue nuit
Le sommeil ne vient pas
Et les soucis d'argent
Les factures à payer
Les clientes à voir
Tourbillonnent autour de moi
Je voudrais me lever
Et agir de suite
Mais nous sommes la nuit,
Noire comme le café
Blanche comme l'insomnie
Longue nuit
Le sommeil ne vient pas
Il faut que j'écrive à la tante d'Allemagne
Que je souhaite
Un bon anniversaire à mon amie
Que nous invitions ces autres amis
Et que nous allions voir ceux-là….
Je dois aussi
Téléphoner ici
Ecrire là
Tourbillon d'idées, dans la nuit silencieuse
Et le ménage
Le repassage, le linge à laver
A raccommoder…
Si cela pouvait se faire tout seul :
La journée je suis si fatiguée !
Longue nuit
Le sommeil ne vient pas
Et dans six heures déjà
Il faut être levée
Il faut à nouveau courir
Etre prête à Servir
Etre prête à Aimer…
Les yeux cernés
La tête lourde, le dos douloureux…
Longue nuit,
Nuit d'insomnie
Quand seras-tu finie ?
3 novembre 1983
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