Thursday, July 28, 2005

Insomnies - trois poèmes de Clementia

 




Insomnies

 

 

I

 

Apprenant qu'en moi se

Formait un autre enfant

Foin des difficultés

Déjà en t'acceptant

Mon corps je préparais

Pour te servir de pont

Jusqu'à la naissance

Que tu sois fille ou garçon

 

Quand vint l'heure où j'appris

Que j'allais te perdre

J'aurais donné ma vie

Que tu puisses vivre

 

L'enfant que j'attendais

Au Maître est retourné…

Dieu ainsi décidait

De ne point le donner

 

Amers jours noirs, jours gris

Seule… ce vide en moi

Tu n'es plus, mon espoir,

Qu'un souvenir sans joie

 

Pourrai-je encor' servir

Aurai-je un autre enfant ?

Ciel comble mon désir

Fais-moi encor' maman

 

On me dit si souvent

Que j'ai bien trop d'enfants

Mais je les aime tant

Pour eux mon cœur est grand

 

Et lorsque je songe

A tous ces innocents

Qui restent des anges,

Tués par leur maman

 

J'aime, je respecte

La vie, ta vie, leurs vies…

Et je me révolte

Devant cette folie

 

Les femmes refusant

Les fruits de leurs amours

Ainsi à leur enfant

Refusent leur amour

 

Malgré la pauvreté

Et la folie des gens,

Et leur méchanceté

Moi je veux des enfants.

 

28 septembre 1983

 

II

 

Dieu veille sur chacun

Qu'il apporte ici-bas

Car il fait leur chemin

Il guide tous nos pas.

 

29 septembre 1983

 

III

 

Longue nuit

Le sommeil ne vient pas

Je me tourne

Me retourne dans mon lit

Et se tournent

Se retournent dans ma tête

Des pensées

Des projets, des espoirs

Une attente,

Une question :

Cette joie nous est-elle promise,

Ou n'est-ce qu'un rêve ?

Quelques semaines de plus

Pour savoir

Si dans quelques mois

Mon souhait se réalisera

A moins que ce ne soit

Pour beaucoup, beaucoup plus tard…

Je n'aurais pas dû

Boire ce café cet après-midi :

Si mon espoir est vrai

Ce n'est pas bon pour "lui"

Et le café,

Ça m'empêche de dormir !

Les heures s'écoulent,

La nuit est si longue

Et si solitaire

Pour ceux qui veillent

Longue nuit

Le sommeil ne vient pas

Et les soucis d'argent

Les factures à payer

Les clientes à voir

Tourbillonnent autour de moi

Je voudrais me lever

Et agir de suite

Mais nous sommes la nuit,

Noire comme le café

Blanche comme l'insomnie

Longue nuit

Le sommeil ne vient pas

Il faut que j'écrive à la tante d'Allemagne

Que je souhaite

Un bon anniversaire à mon amie

Que nous invitions ces autres amis

Et que nous allions voir ceux-là….

Je dois aussi

Téléphoner ici

Ecrire là

Tourbillon d'idées, dans la nuit silencieuse

Et le ménage

Le repassage, le linge à laver

A raccommoder…

Si cela pouvait se faire tout seul :

La journée je suis si fatiguée !

Longue nuit

Le sommeil ne vient pas

Et dans six heures déjà

Il faut être levée

Il faut à nouveau courir

Etre prête à Servir

Etre prête à Aimer…

Les yeux cernés

La tête lourde, le dos douloureux…

Longue nuit,

Nuit d'insomnie

Quand seras-tu finie ?

 

3 novembre 1983



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