Ne vaut-il pas mieux être mort
qu’esclave
« Liewer
tod as sklaw – plutôt mort qu’esclave »
(devise de la ville de Guebwiller)
« Potiam
mori quam foedari – plutôt mort que failli »
(devise de la Duchesse Anne de Bretagne)
Comme un poisson rouge à la morne
vie ennuyeuse,
Je me heurte aux froides parois
glauques et glacées
Du monde immonde qui est pour moi
un aquarium.
Routine sans issue dans le carcan
de béton,
Quotidiennes corvées à l’infini
répétées…
Je nage entre schizophrénie et
misanthropie :
Celle que je suis et celle que je
voudrais être
Ne peuvent pas s’accepter et
n’aiment plus personne.
Pourtant il faut continuer dans
le mortel ennui
De ma vie compliquée dont je ne
vois pas l’issue,
Cet étouffant carcan où je ne
puis être moi.
Et me revient alors en mémoire la
devise
De la ville où j’ai grandi, « Vivre libre ou mourir ».
Le poisson rouge de mon enfance
se jetait
Hors de sa triste prison à chaque
pleine lune.
Nous le sauvions à temps, mais
l’image m’est restée.
Maintenant je tourne sans espoir dans
cette vie,
Solitaire comme en un bocal trop
limité,
Et j’ai tellement besoin
d’espaces infinis,
De ciel bleu et d’air pur comme
dans mes rêveries.
Pour moi chanter toujours c’était
comme respirer.
Maintenant comme un pinson dans
sa cage rouillée
Je suis envahie par une profonde
apathie
Et près de celui qui s’écoute
parler,
De ce prétentieux qui veut
toujours avoir raison,
Je me sens bien idiote et mes
mots se sont taris.
Le pinson devient poisson plus
muet qu’une carpe.
Les murs inhumains de la grise tour
de béton
Sont pires que les barreaux d’une
cage rouillée,
C’est une tour sombre où n’entre
pas le soleil.
On me fait croire souvent que je
suis inutile
Et on m’a même déjà traitée de
parasite.
Alors je me sens parfois un peu
comme un boulet
Ou un objet sans âme qui
traînerait par là.
Mais c’est surtout cette vie qui
est comme un boulet,
Dans ce monde bien triste où je
ne fais que survivre,
Comme emprisonnée, sans joies,
sans espoir et sans but,
Trop loin de la Nature, sans
aucune liberté.
Avant, les livres étaient
toujours mes plus grands amis,
Mais depuis que le soleil me
manque ma vue baisse,
Et la lecture ne m’offre plus
aussi souvent,
Par sa magie, le doux réconfort
et l’évasion,
Et une fenêtre sur le monde se
referme.
Il y eut un temps où la maison
retentissait
De rires d’enfants, du charivari
de leurs jeux.
Ils sont partis, abandonnant autos
et poupées...
Jouets et livres attendent
maintenant, comme moi,
Les petits-enfants qui
animeraient la maison.
06 février 2006 – 03 novembre 2010
(note : au moment de sa création, j'avais déjà publié sur ce blog le premier jet de ce poème , que vous pouvez lire en cliquant ici )
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