Sunday, April 30, 2006

Méditation : timidité ou orgueil ?




Pour continuer notre réflexion sur la timidité, l'humilité et l'orgueil, je vous propose maintenant un autre extrait trouvé en surfant sur le Net :

---------------------- 

 La timidité est la prison du coeur est un proverbe espagnol. Comme je l'ai écrit ailleurs, d'aucuns pensent que la timidité est la forme ultime de l'orgueil. Ce qui est compatible avec ce proverbe. On objectera que les termes sont antinomiques et que si la timidité peut éventuellement être la prison du coeur ce n'est en aucune manière une forme d'orgueil. Il me semble que c'est passé un peu vite sur la question et faire preuve de superficialité. La timidité est un manque d'assurance qui se révèle dans le rapport à autrui, plus précisément dans la difficulté à l'établir puis à l'entretenir. L'orgueil quant à lui peut être défini comme un sentiment exagéré de sa propre valeur mais aussi comme un sentiment de fierté légitime, ce qui est sensiblement différent. Dès lors il n'est pas impossible de considérer qu'orgueil et timidité puissent être étroitement liés. On peut à la fois concevoir un sentiment de fierté et craindre que celui-ci ne soit pas reconnu, que les autres l'érodent. La peur de ne pas être à la hauteur c'est une forme d'orgueil, il faut avoir un minimum de fierté pour avoir peur de l'éprouver. Si l'on en était totalement dépourvu on ne craindrait pas de souffrir de la voir heurtée. De la même manière il faut avoir un certain orgueil pour avoir peur de ne pas être compris, ainsi que le craignent beaucoup de timides. 
Enfin bon, ce ne sont que des mots, ce n'est ni plus ni moins qu'un jeu de sémantique. Ceci manque cruellement de nuances, par faiblesse de langage et de temps consacré. Il y a autant de timidités que de timides, c'est comme pour tout.
Quant à moi (parce qu'on ne peut pas toujours se cantonner à la théorie) je suis timide et/parce que je suis orgueilleux mais ce n'est pas de mon seul exemple que je tire ce que j'ai écrit ci-dessus. J'en connais d'autres et d'autres personnes plus compétentes ont développé l'idée avant et mieux que moi. Bien sûr pour l'écrire ici je ne suis pas timide mais c'est facile de ne pas être timide le cul vissé sur sa chaise dans sa chambre le soir. Parfois je fais des choses qui vous ferait dire en tant qu'observateur que je ne suis certainement pas quelqu'un de timide. Seulement vous n'imagineriez pas l'effort qu'il m'en coûte tant pour dépasser ma timidité que pour vous laisser croire que ce que je fais est naturel etfacile. La crédibilité compte souvent plus que tout comme au théâtre finalement. Si je suis assez convaicant pour vous persuader que c'est facile, ça l'est. Ca l'est pour tout le monde sauf pour moi, moi je le joue, je le sais. Ma réalité n'est alors pas la vôtre. 
Je suis assez curieux du mécanisme de la timidité. Cet acte qui vous semble objectivement simple, courant (ce peut être des choses extrêmement simples, communes, banales), que vous voyez exécuté par d'autres avec une certaine aisance mais qui vous apparaît à vous irréalisable. Si l'idée de sa réalisation vous est concevable, la projection détaillée de cette réalisation vous apparaît déjà plus ardue. Vous imaginez différents scénarios en vous rassurant à propos du fait que vous avez les capacités de réaliser cet acte. Plus le moment de cette réalisation se rapproche et moins elle vous semble possible. Vous commencez à imaginer des scénarios d'échec. Dans le temps qui la précède immédiatement vous commencez à ressentir physiquement votre timidité. Vous ressentez une sensation d'oppression dans la poitrine, votre coeur se serre (imaginez que votre coeur soit le bouchon d'une bouteille de champagne, comprimé entre la pression du gaz et le carcan de métal qui l'enchaîne à la bouteille), votre gorge se noue, le sang vous monte aux joues plus ou moins longtemps avant. Vous avez les jambes molles, parfois vous craignez de tomber, tout bêtement tomber parce que vos jambes vous laissent en plan. Cela m'intéresserait de savoir dans quelle mesure ces sensations sont réelles, j'entends par là peuvent être constatées physiologiquement.
Parfois vous capitulez, et cruellement vous vous sentez mieux, soulagé. D'autres fois vous parvenez à vous surpasser. En général une fois lancé vous allez au bout, le carcan de métal a sauté et votre coeur a suivi immédiatement, les choses vont vite, au moins au début, vous vous retrouvez dans une sorte d'équilibre précaire, inattendu, presque un état de grâce. Puis vous êtes soulagé, mais ce n'est pas le même soulagement que celui évoqué précédemment. Quelque chose a changé dans cette seconde hypothèse, en dehors de vous, les réactions provoquées par l'acte que vous réalisé, mais aussi en vous, vous avez conquis une petite parcelle supplémentaire de vous-même. 
Accessoirement ce proverbe me fait penser à un livre de Ray Bradbury, plus précisément à son titre : La solitude est un cercueil de verre. Ce n'est sans doute pas son oeuvre la plus connue. Je la décrirais comme un roman policier poétique (c'est pour la poésie qu'il met toujours dans son écriture que j'aime Ray Bradbury), catégorie finalement assez restreinte, mais pas inintéressante pour autant, puisqu'il ne me vient pas d'autre roman à y classer. Ce livre m'avait plu, presqu'autant que les Chroniques martiennes que j'avais vraiment adorées contrairement à Fahrenheit 451. Je trouve le titre excellent, c'est d'ailleurs pour cela que je l'avais lu.

(Source : "Mes moires & Xeteras" sur
http://les.8.scarolles.free.fr/2002_09_01_archives.html  )

-------------------------------------------------------------------------------------
  Et vous, qu'en pensez-vous ? Merci de donner à votre tour votre témoignage et votre opinion...

No comments: