Tuesday, April 17, 2007

Pouvoir de la parole : des mots qui font mal (1)




Avec cet article, je commence une série, qui sera pour beaucoup auto-biographique, au sujet du pouvoir des mots.

On ne se rend pas toujours compte de la puissance que peuvent avoir quelques mots pour déterminer des changements bons ou mauvais dans une vie. Quelques paroles d'encouragement peuvent remonter le moral à votre interlocuteur,  mais parfois ce que vous consirédez comme une petite gaffe ou un "râteau" sans importance peut enfoncer son destinataire dans une déprime pouvant le pousser aux actes les plus destructeurs...

Aujourd'hui, je voudrais vous parler de la méchanceté plus ou moins consciente qu'ont les enfants entre eux, 'en particulier lorsqu'ils se moquent de défauts physiques d'un autre enfant ou d'un adulte :

Ecole maternelle. Une enfant atteinte d'un strabisme. Les autres enfants lui disent : "Toi, tu ne joues pas avec nous, tu louches !" " Ouh, la loucheuse !". Et voila comme en quelques mots, cette enfant est rejetée et se trouve seule sans camarades de jeux, sans amis.  

Quelques années plus tard, après de longs traitements et deux opérations, le strabisme est encore là. L'enfant n'a pas d'amis et continue de grandir en solitaire. Elle a maintenant une dizaine d'années. Un après-midi, alors qu'elle assiste à un spectacle donné par les scouts de sa ville, c'est l'un d'eux, un fils de notables petits bourgeois âgé d'une quinzaine d'années, qui (bien que ne la connaissant pas) s'adresse à elle en lui disant "Tu louches comme un boeuf !". Tristesse de l'enfant, qui n'en dira rien à personne (à quoi cela servirait-il...) mais qui quelques jours après demandera à ses parents de recontacter l'ophtalmologue pour reprendre les traitements qui seront suivis d' une troisième opération des yeux.
Une fois de plus, cette opération n'aura pas le succès escompté, de même qu'une quatrième opération deux ans après...

L'enfant, qui a grandi, s'est habituée tant bien que mal aux moqueries sur son regard et au fait d'avoir du mal à se faire des amis.

Nous la retrouvons adulte, la trentaine : Elle est maintenant entichée d'un jeune homme qui a une douzaine d'années de moins qu'elle... Il a parfois des gestes très tendres envers elle quand ils sont seuls. Mais devant les gens, pour frimer, il se moque de son regard, en l'imitant alors qu'elle lui parle (là, il ne s'agit évidemment pas de paroles, mais le résultat est tout aussi déprimant pour la jeune femme).

Encore quelques années plus tard. Elle est mariée à un homme qui lui dit souvent qu'il l'aime. C'est encore la passion des premières années de mariage. Une fois qu'elle lui dit qu'il a de beaux yeux (un fantastique regard vert), il lui répond "Toi aussi, tu as de beaux yeux... pris séparément !" Et voilà qu'une fois de plus elle ressent cette énorme tristesse au coeur, le sentiment d'être rejetée pour un défaut physique auquel elle ne peut rien.

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