Tuesday, January 08, 2013

"Solitude des matins gris" - poème de Clementia




Solitude des matins gris


Encore un automne qui vient
C’est à nouveau un matin gris
Au fil des ans mon cœur s’aigrit
Pourquoi et pour qui se lever
Comment occuper la journée
Quand vivre ne sert plus à rien

Les mêmes pas les mêmes gestes
Chaque jour en vain répétés
Pour tuer le temps qui me reste
Jusqu’au seuil de l’éternité
Pourquoi irais-je sur les tombes
Pleurer tous ceux qui ne sont plus
Au soir de ma vie je suis seul
Et j’attends sans fin le cercueil
Qui m’abritera sous le marbre
L’eau de pluie froide tombe en trombes
Le ciel déverse son chagrin
Et je sens mes joues se mouiller
Je suis un peu comme ces arbres
Dont les ramures dépouillées
Etirent vers le ciel en vain
Leur muette supplication
Espérant la consolation
D’un soleil chassant les chagrins

Voilà déjà l’hiver qui vient
Encore d’autres matins gris
Au fil des ans mon cœur s’aigrit
Pourquoi et pour qui se lever
Comment occuper la journée
Quand vivre ne sert plus à rien

Les mêmes pas les mêmes gestes
Chaque jour sans fin répétés
Occuper le temps qui me reste
Guettant en vain l’éternité
Alors que les rues se font belles
De guirlandes d’hypocrisie
Pourquoi préparerais-je Noël
Quand se traîne seule ma vie
Pour qui décorer un sapin
Qui voudrait encor visiter
Des vieux qui ne servent à rien
Les jeunes sont trop occupés
Par leurs rêves de liberté
Ou leurs quêtes de vanités
Ils s’endettent aux gueuletons
De la surconsommation
Pour moi Noël est un jour vain
De solitude et de chagrin

Encore une nouvelle année
S’annonce dans le tintamarre
Des cris des hourras des pétards
Plus personne ne vient m’embrasser
Au-dessous d’un rameau de gui
Mon cœur encore plus s’aigrit
Pourquoi une nouvelle année
Quand je voudrais tout arrêter

Les mêmes pas les mêmes gestes
Chaque jour sans fin répétés
Occuper le temps qui me reste
Et peut-être encore arriver
Au doux printemps enfin revoir
Des jours meilleurs un peu d’espoir


19/12/2012

1 comment:

Clementia said...

C'est l'automne passé que j'avais écrit ce poème, alors que se tournaient et retournaient dans ma tête les paroles de ma maman qui souffrait de solitude : après une vie bien remplie sur le plan associatif, l'âge venu, il n'y avait plus que très peu de monde qui prenait de ses nouvelles ou passait la voir...
En relisant mon poème, je vois qu'il y avait une sorte de prémonition : énumérant trois saisons, le poème n'allait pas jusqu'à l'été - et maman est décédée aux premiers jours de l'été, le 28 juin 2013...